une différence entre voyage et tourisme, c'est la place accordée au déplacement. et peu importe la distance...
le chauffeur-assistant est perché sur l'amas de marchandises arrimé sur le toit du véhicule durant tout ce très long trajet...
entre Velingara au Sénégal et Conakry, un des pire de ma vie : plus de 35heures pour 650km d'une route en état calamiteux ; véhicule - Renault 505 d'un autre âge - en misérable état, surchargé de baggages et marchandises, de 9 passagers au lieu de 4 + le chauffeur (même si c'est normal ici) ; arrêt une nuit à la frontière pour être arrivé quelques minutes trop tard ; le même chauffard a roulé comme un fou entre les nids de poules dans la poussière tout le trajet ; innombrables contrôles avec bakchichs pour continuer... ; nous n'avions plus de frein lors de la descente sur Conakry sur la côte Atlantique, passé la corde de 3 barrages de police, évité de justesse un camion & un bus ; il y avait plus de véhicules en panne, retournés, encastrés etc. que roulant normalement ; sommes arrivés à 3heures du matin dans la banlieue de la capitale au lieu de Sangarédi à 350km de là ; sans parler d'une prise de tête avec le chauffeur...
du linge séchant sur le trottoir non loin du port de Conakry.
la ville est assez plaisante, malgré une odeur acre de benzine frelatée, la pollution des usines et des égouts quasi à ciel ouvert.
la propagande est omniprésente avec la campagne pour les prochaines élections jusqu'en 2040...
Quelques slogans au passage :
" Merci mon general
pour toujours il doit rester
Soutiens les idéaux et les actions du Général Président
Votre silence est précieux...
vos œuvres rassurent "
après une visite de la ville et avoir validé mon visa auprès du ministère de la sécurité (obligatoire pour un séjour de plus de cinq jours !), nous nous dirigeons finalement vers Boké, lieu de résidence de la famille de Seyni, mon compagnon de voyage où nous restons deux semaines.
trajet dans des conditions assez similaires - quoique moins dantesque - au voyage mentionné ci-dessus, nous longeons ici une belle chaîne de montagne
le fleuve Batafon à Boké où, à plus de 50km des côtes, eaux salées et douces se rejoignent
la Guinée est connue pour ces grandes forêts
et son minerai...ici le train d'environ 150 wagons allant chercher de la bauxite à Sangarédi pour l'emmener, sur un peu plus de 100km, au port de Kamsar
seul un vieux pont métallique permet de traverser le fleuve, ainsi que quelques pirogues
sans commentaire !
noir-blanc au bar de Fall City (prononcé "fal" du nom du propriétaire)
un air de déjà vu (voir la descente du Rhin de Berne à Rotterdam sur ce blog !) à la plage de Fall City
les bus scolaires américains servent ici au transport des mineurs
ndlr. pour exporter une grande partie des ressources vers les USA...
le foot est - bien sûr - très populaire, ici lors d'un match profs-élèves
il y a toujours une place chez la famille Ba !
les femmes en pleine session coiffure, les hommes aussi, même si on ne le voit sur ce cliché.
Mokhtar, le plus jeunes de la grande fratrie. Il a 22 tantes et oncles du côté de son père, marabout et fils aîné ayant repris la place de son père.
ndlr. en Guinée, beaucoup d'hommes ont plusieurs femmes - quatre selon la loi islamique - et des familles très nombreuses de direct-demi-tiers ou quart de frères et sœurs.
En questionnant les amis du quartier, principalement des étudiants de l'université Institut Supérieur des Mines et Géologie, un m'a dit que son père, 85 ans, avait 5 femmes ! même si ça a l'air de changer pour leur génération, ils avaient tous entre 17 et 25 frères et sœurs !
une route est en construction - par des entreprises chinoises - mais pour l'instant, on ne peut aller qu'en moto pour rejoindre la Guinée Bissau depuis Boké.
et passer le fleuve en pirogue !
la route devient sentier dans l'épaisse forêt, à littéralement slalomer entre les arbres, éviter les branches, sur environ 130km.
et n'ai franchement pas oser prendre en photo les endroits les plus spectaculaires de ce trajet... même si j'ai eu moins peur que lors de l'arrivée en Guinée (description ci-dessus)
Courrier à un ami,
trop long pour être envoyé...
seulement à lui !-)
Yoyo !-
Comment !?
Merci pour l'email, les photos !!!
& ce séjour en VS avec les potos !?
Je transpire toute la journée depuis des mois. Il fait tellement chaud ici, qu'en lisant que vous vous êtes pelé le jonc à la Videmanette me paraît tellement lointain !!!
...&me donne pas plus envie que ça, si je puis dire !?
Les nuits sont très agréables, ainsi que les rares matinées. L'eau du fleuve est à parfaite température lors des chaudes après-midi ou les températures tutoient les 40degrés.
J'ai entamé la boucle finale de ce huit - infini - en Afrique de l'Ouest avec un compagnon de voyage, Seyni un gars du coin rencontré à St-Louis du Sénégal.
Nous sommes maintenant chez sa famille depuis une semaine à Boké dans le Nord-Ouest de la Guinée !!
Si chaque étape a été dépaysante, celle-là est assez déroutante. Même si je m'y attendais un peu, c'est le plus gros contraste avec tout ce que j'ai pu voir.
L'air est soit très pur ou chargé de substances nocives et de poussière, soulevées par le vent.
Les mines voisines polluent eau, air et terre, sans que la population n'en profite, comme toujours...à l'exception de quelques jobs qui en découlent, payés misérablement. L'espérance de vie est ici pratiquement deux fois plus basses qu'en Europe occidentale. Des véhicules d'un autre âge, exporté d'un monde autoproclamé moderne, roulent à la benzine frelatée à l'odeur asphyxiente. Beaucoup de motos indiennes aussi, remplacent taxis et transports en commun. Le recyclage est quasi inexistant et des petits feux de plastique colorent la nuit, enfument les journées.
Les femmes cuisinent dehors à même le sol et cuisent de bons plats - essentiellement du riz (gras), depuis la Mauritanie déjà, sauces pilonées, poisson souvent bouilli ou frit, du poulet et des fois de la viande - sur des fourneaux de fortune alimentés au charbon. Du manioc sous différentes formes, est souvent servi rapé en "atséssé", assez semblable à de la semoule. Une sacrée misère règne, les enfants finissant de ronger les os lorsqu'on quitte la table au restaurant (de rue), quémandent la fin du pain, aussi depuis la Mauritanie.
Le pays est producteur de café, pourtant - et comme au Brésil - le nescaca règne en maître. Lorsque tu trouves un vrai petit express, la tasse est tellement petite qu'ils remplissent même la sous-tasse !-
Nous logeons dans la casse, petite maison ronde traditionnelle, jouxtant la belle maison principale. Au sommet de la colline, c'est une des seule terminée du quartier. Il n'y a pas d'eau courante, mais l'électricité. Les rues de terre battue et de poussière sont semblables à des lits de rivière, lessivées lors de la saison des pluies. Seules quelques motos et des gros camions de chantier peuvent y circuler. Le calme règne encore au quartier. Seule la rue principale est asphaltée, éclairée. Ils la nomment "goudron".
Les nuits sont quasi quotidiennement ponctuées de mariages, noces dansante jusqu'au petit matin. Heure où les mosquées prennent le relais. Les imams ne se contentent pas d'appeler les fidèles, ils partagent toute la prière dans ce pays pourtant aussi chrétien et animiste.
Le sifflet des triples locomotives américaine du train qui descend des mines de Singareti remplit de bauxite, puis remonte à vide du port de Kamsar après avoir déversé ses 150 wagons - à destination des States... de la Russie aussi - retentit 24/24 de son son puissant et exotique.
Lorsqu'il y en a, les matelas sont en vieux sacs d'aliment pour animaux ou de ciment, bourré de paille !
Au réveil, ce sont de grands papillons jaune et noir qui annoncent la belle journée.
Là, après le désert sans fin, les forêts sont vierges à perte de vue et semblent impénétrables avec leurs arbres immenses aux feuilles et palmes gigantesques. Partout des termitières géantes les parsèment. Parachevées par un enchevêtrement de lianes et en bord de mer - dont les bras s'enfoncent souvent à des dizaines de kilomètres dans ce pays au profil doux - de mangroves infranchissables. Les quelques routes qui s'y aventurent sont si défoncées et dangereuses qu'y circuler la nuit s'apparente à la roulette russe. On a vu plus de véhicules en rades, éventrés, camions retournés sur les bas-côtés que de véhicules roulants.
Et ne parle que là des moustiques... il y en a peu. Franchement, hormis une soirée à Nouakchott où j'ai capitulé, c'est mille fois moins pire qu'imaginé, quelques-uns à Conakry aussi avec l'eau stagnante des égouts quasi à ciel ouvert. Mais quand-même, depuis qu'on est arrivé chez sa famille, une de ses cousine a chopé la malaria, sa belle soeur le typhus - c'est comme une gripette ici !- et son oncle est mort (n'en parle pas à la famille si tu les croises !!!)
...moi ça va top, je touche du bois et au niveau humain, on est vraiment tous pareil 🐣 c'est en fait beaucoup plus facile d'abord ici que la majorité des endroits que j'ai eu la chance de visiter : Suisse et Algérie comprises. La population est très sympathique, souriante. Des gens simples et très propre sur eux, dans leurs pensées. Je me suis fait quelques amis dans le quartier et passons des soirées entière à philosopher. J'imagine qu'ils ne sont pas toujours d'accord avec mes théories, mais sont vraiment à l'écoute. Et même si je fais de prime abord un peu peur aux enfants, ils s'habituent trop rapidement, à finir par me tirer les cheveux, me caresser la barbe !-) tu ferais sensation, ils ont généralement une très légère pilosité !- & même qu'on m'interpelle des fois (avé l'accent) : eh toi le blanc 😂 Tintin au Congo semble bien révolu !!!
Tellement de mosquées sont en construction, mais il y a des bars partout, dont un trop bien, Fall City... avec 2scènes au bord du fleuve voisin.
Allez, j'espère que tu vas bien, ainsi que tes proches et me réjouis de te revoir.
La BiZzz n-)