L'arrivée est toute tranquille, un peu branlante, si apaisante par le train de Mersin.
Non loin, un hôtel un peu miteux fera l'affaire...
Le bazar me transporte encore bien plus loin. L'odeur de mouton me rapelle que je suis bien arrivé au berceau du kebab.
Plus loin le quartier du cuir et des cordonniers, puis les forges, les menuisiers, les boulangers... la fumée des restaurants envahit les rues, les yeux. Tout est fait au feu de bois.
Et de manger mon premier Adana kebap à l'ombre d'une ruelle d'Adana. Assis à quelques centimètres du grill, le chant des oiseaux - en cage... - complète encore cette scène.Beaucoup de piétons, des vélos, quelques irreducibles en voitures se fraient un chemin dans ce dédale, entre bocaux d'olives, sacs de champignons secs, fromage frais de chèvre disposés jusque sur la chaussée. Des motos et bien plus de scooters électriques parcourent ces rues.
Les axes majeurs sont très fréquenté avec les multiples dolmous (mini bus) de leur claxons rigolos en quasi continu. Le bruit des autocars et des voitures s'ajoutent encore à ce capharnaüm.
Mais en vieille ville, un sentiment serein, hors du temps se dégage.
Anciennes ou plus modernes, de petites maisons se serrent autour des rues étroites. Elles comptent souvent un étages, quelques fois deux, parfois trois, quatre. Partout des plantes ornent dans d'anciens flacons d'huile, d'eau ou de benzine les multiples balcons, les toits-terrasses. Ici et là un gommier s'est fait une place.
Le métro aérien détonne aussi. A perte de vue de part et d'autre, une dense coulée, jungle d'un vert printanier éclatant, une vigne vierge cercle son pont devenu invisible. Des rameaux pendent presque jusqu'au sol à certains endroits.Des fils électriques, ainsi qu'une toile d'araignée relativement organisée parsème le ciel.
Encore plus hauts, des cerfs-volants par dizaines soubresautent ou s'immobilise parfois à des hauteurs que seule la lune souriante semble pouvoir concurrencer.
On en trouve aussi échoué un peu partout entre les lignes de contact, sur le sommet des minarets...
De multiples mosquées parfois pluricentenaires et belles ponctuent la ville, une église grecque même, transformée en musée ethnologique.arches le Seyhan, anciennement Saurus, ridiculisé par des barrages, dont un surplombant juste la ville.
Hormis le regard noir d'un policier en civil me faisant comprendre de partir d'une manifestation en faveur de la coalition s'opposant au président actuel, beaucoup de gens me sourient. Certains - essaient - de me parler. Une jeune dame un peu dézinguée m'aborde en anglais, me disant avoir vécu en Californie.
Un football s'improvise avec quelques enfants, mais mon niveau quasi nul égale ma capacité à parler et comprendre le turc...
Tandis que les imams appellent au loin la nuit tombante, je pars. Quelques échoppes ou marchands ambulants d'oranges, tomates, piments ferment, rentrent.
Reste quelques-uns, aussi des pâtissiers, vendeurs d'habits, de fruits secs et autres apéritifs, de cigarettes, tabac en vrac et d'alcool sur les axes plus fréquentés.
Un petit bouiboui familial me sert un pidé - pizza en forme de pirogue - juste sortie du fournil encore chaud, une salade de persil et piments braisés, une clope roulée contre mon pourboir, tandis que les enfants vont se coucher.
Afiyet olsun, il est temps de rentrer, continuer de rêver les yeux clots.
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