samedi 16 novembre 2024

2. Tunisie, 1ère étape

Après près de deux belles semaines à Bizerte...

ici le vieux port

là, juste à côté,

je suis comme à la maison chez la famille de mon vieil ami Atef

perché dans l'olivier du jardin.

Peinture de Bechir Sphaxi, qui remplace la fille en pleurs dans leur salon !

...mais il est temps de continuer. C'est un voyage pardis, paradis, pars d'y, dis !


Une ombre à Ras Angela, point le plus septentrional d'Afrique situé à quelques kilomètres de Bizerte...jusqu'à Dakar inch'allah, situé au plus à l'Ouest du continent.

L'unique train journalier partant bien trop tôt...c'est dans l'après-midi en ce 5 novembre que je retourne en louage (minibus qui part lorsqu'il est plein) à la grande capitale.

En apportant au passage la preuve que l'abbé p. est toujours bien vivant avec ses penchants...

Encore un tram, ou métro comme on dit ici, et d'arriver à la gare de Tunis, Place Barcelona.

Non loin de là, l'hôtel Cirta attire mon attention. Ancienne nomination de Constantine - rêve de tous voyageurs, elle est - inch'Allah - une des prochaine étape de cette grande traversée du Sahara. A peine arrivé, le propriétaire me prend à parti, estimant que le "franzis" n'a pas assez payé. Je lui rétorque énergiquement n'avoir même pas négocié le prix proposé par son maître d'hôtel... Bref, je vais me changer l'esprit autour de quelques bières, petit concert de jazz même dans un bar enfumé de l'Avenue Habib Bourguiba voisine, accompagné d'amis vivant à Tunis.

Courte nuit, les moustiques et le commissariat voisin n'aidant... c'est à six heures et quelques que je rejoins la gare d'où deux trains par jour partent pour le centre-Est du pays Départ prévu à 6h35 mais la guichetière m'annonce directement : "le train est en retard, 7h - 7h30."

"Ça va. Il va venir ? J'ai le temps d'aller boire un café tranquille ?".

Le temps de se faire alpaguer  par un voyageur faisant un scandale dans le hall central de si "bonne" heure - bonheur !? - de  me tendre mon billet :

"Oui tranquille, 7h30-8h."

Le convoi, une locomotive canadienne des années 60 que me dira plus tard le contrôleur, 3 wagons de seconde classe, s'ébranle finalement vers 10heures. Mais nous partons !!

Unique passager du wagon, le contrôleur et un policier me conseille de changer d'en changer. "C'est dangereux d'être tout seul." C'est pourtant ce qui m'attend pour un bout de trajet, avec une peur toute relative !-


À peine sorti de la grande capitale, nous franchissons l'aqueduc romain de Zaghouan, acheminant autrefois l'eau des montagnes jusqu'aux citernes de la voisine Carthage.

Je choisis forcément la voiture de queue, balcon toutes portes ouvertes sur ces paysages cultivés, autrefois grenier de l'empire romain,

puis montagneux

et semi-désertique pour finir.

Hachref, assis sur le marche-pied de la seconde voiture me rejoint ensuite à mon balcon.

Peu après, le contrôleur vient nous annoncer, après à peine une heure de trajet, que le convoi n'arrivera pas à destination. "La locomotive manque de puissance pour atteindre le point culminant du réseau ferré tunisien..."

Nous passons alors un pont métallique, réminiscence française et il me dit que même la tour Eiffel à été construite grâce à du minerai transporté sur cette ligne.

"- Elle est un peu tunisienne alors ?"

"- Complètement", me répond-il toujours en français.


ainsi que la plupart des gares, "héritage" colonial français.

Mon compagnon de voyage me propose alors si spontanément et gentiment de m'inviter chez sa famille et lui.


Je décline finalement, le train continuant quand même jusqu'à Dahmani, à plus de 100km de son bléd paumé et à seulement 4 arrêts de Kalaa Khasba, mon but initial. Le contrôleur remarque alors qu'il n'a pas contrôlé mon compagnon de plateforme qui lui tend spontanément 20dinars. Je lui dit alors : "Rembousez-moi le trajet manquant pour le déduire de son billet. "Alouf" (cochon, mais veut aussi dire intelligent). On en reste-là. Il lui donnera même une cigarette un peu plus tard !


no comment ou poésie ferroviaire

Terminus, tout le monde descend. Des chauffeurs qui connaissent les problèmes récurrents des trains tunisiens, flairent l'opportunité. Un petit louage, sorte de pick-up avec un pont couvert, puis un taxi collectif et complètement synchronisé encore un autre louage qui me laisse devant le poste de la garde nationale au pied de la Table de Jugurtha... Je lui fais mine de continuer, yeux noirs, il n'en a cure, trop tard un jeune garde sort.

Ma tente, trop visible, les stressent, souhaitant que je dorme à l'hôtel.

Il ne sait que faire de moi. Fait plusieurs appels, puis un policier vient me chercher. Dans la même situation...il me ramène à la garde-nationale. Je dois accepter la chambre pour en finir. Mais retournant la situation, lui demande cette fois un papier légitimant ma présence. Il ne sait que faire.

Comment t'appelles-tu ? Il ne veut me répondre. Je tente alors : "Khaled !?" ...il me répondra finalement, Didier (prénom d'emprunt).

Je le convaincs alors d'un selfie ensemble devant son office. Il me demande ensuite ami-ami mon contact sur internet, que je décline quand-même...


Des policiers reviennent alors et m'emmènent à l'hôtel, bouiboui à 8 Dinars la nuit, moins de CHF 2.30. Remarquez sur le cliché que chlekas (chlaps, sous le lit) et tapis de prière sont à disposition !

Après une petite promenade dans la ville et alentours, coucher de soleil magnifique sur la fameuse Table, quel dépaysement.

Des fresques montrant la force des femmes tunisiennes ornent une vieille maison coloniale du centre-ville. C'est alors qu'une dame me prend fièrement à parti. Cheveux court, la bonne cinquantaine, elle me dit en être l'auteure, me demande ma nationalité, me serre la main et repart. 


Coiffeurs et hanouts - petites épiceries - sont ici légion. Je trouve finalement trois dames qui tiennent un petit restaurant, servant mlaoui, genre de crêpe fourrée et lablabi, une sorte de soupe de pois-chiches avec pain, œuf et épices.

Encore un thé et je retourne à l'hôtel. Grande première dans ma vie voyageuse, minuit passé, sans même toquer à la porte, alors que j'écris ces quelques lignes, deux policiers entrent dans ma chambre. Cette fois je m'énerve vraiment pour les faire partir. Quelle journée, c'est l'aventure !

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