C'est il y a quelques années depuis la ville voisine d'El Kef, lors du Sicca Jazz Festival (voir sur ce blog), que j'aperçois pour la première fois cette montagne vraiment unique. Sorte d'Higher Rock tunisien, avec en son sommet un plateau de 80 hectares dont je n'avais jamais ouï dire. Je me décide donc cette fois à plus m'en approcher, si possible y grimper... Même de loin, on sent qu'elle est un aimant depuis bien longtemps et pourtant, j'en ai vu des montagnes spectaculaires. L'histoire de cette dernière paraît peu claire, malgré de nombreuses recherches archéologiques. Mais si un petit suisse (...rien à voir avec le yogourt) a été si attiré par Jugurtha, tout humain passant dans le coin l'a sans doute aussi été !- Forteresse naturelle, lieu d'observation, de culte, greniers, escargotières, elle doit son nom - depuis les années 1900 seulement - à un roi Numide qui aurait ici guerroyé et résisté à l'empire romain. On y trouve de nombreux vestiges : dolmens préhistoriques, cavités numides, ruines moyennageuses, berbères, bysanthines, arabes, Françaises (ils ont même osé y ouvrir une mine...).
Et comme depuis mon arrivée dans le coin, c'est un véritable jeu du chat et de la souris qui commence avec deux soldats de la garde nationale "pour ma sécurité". Me faisant pensé au bons vieux soldats chassant Zorro. Toutes la journée, ils ont tenté de me suivre. J'étais cette fois prêt psychologiquement et les ai fait transpiré comme jamais m'ont-ils dit. Alors que je faisait une sieste à l'ombre d'un rocher, ils sont passés à quelques mètres sans me voir. Un peu plus tard, le plus hardis arrive à ma hauteur alors que je discute avec un berger rencontré un peu plus tôt. En sueur, il s'en plaint et me propose même de soupeser son vieux fusil mitrailleur de 7kg !!! Forcément, je refuse et son arme n'étant sûrement pas chargée... continue mon chemin, les mains en l'air. Il tente de m'arrêter, "vas-y tire", je ne serai pas le premier à mourir ici. Puis croyez-moi ou non, alors que j'implore Allah et tente un "Lalailallaha Mohamed Rassulala" (sourate qu'on prononce pour de convertir...ou avant de mourir) dans une variante quelque peu Sheitan...un triple éclair fend le ciel juste après. Premier d'une longue série, une tornade se forme même au loin !! Ouahh tête du type, la mienne aussi sans doute...passant de Zorro à Tintin lors de sa condamnation dans "le Temple du Soleil". Il reste coï, j'en profite pour continuer mon chemin, les mains toujours en l'air implorant mère nature. Il me suit tant bien que mal jusqu'au début de l'escalier menant au sommet.
Il me laisse en paix 2 bonnes heures. N'ayant qu'un accès, je ne vais de toute façon y couper. Le sol est couvert de coquillages fossilisés. Une coccinelle, je fais une offrande, le ciel est noir, gronde tandis que la Table brille, moments magiques, tout va bien se passer. "Sur les ordres de leur chef", ils montent finalement me chercher. Et c'est au centre d'un cercle parfait 👌 , merveille géologique, qu'ils me rejoignent. Après encore un échange un peu houleux, ils sont finalement d'accord que même en Tunisie on a le droit de marcher tout seul dans la montagne ! Que je n'ai rien fait d'illégal. N'ayant "rien mangé de la journée", je leur donne ma tabouna - pain plat rond - restante et des petits fromages.
Nous allons même jusqu'à philosopher sur l'intelligence, "sport d'esprit", doit-on toujours suivre les ordres ? Un mensonge ou une approximation plutôt peut-elle faire l'affaire !? Nous visitons encore des grottes, la mosquée - "ça c'est vraiment haram - interdit - pour des miliciens", leur dis-je !!!
Ils m'avouent même n'y être jamais entré et chose très rare en Tunisie, ne pas aimer ça !!! A condition de ne vraiment plus avoir de problème après, j'accepte un dernier tour en 4x4, retour à la case départ.
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